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l'art par la musique
SIGNAC (Paul), au temps d harmonie - BRASSENS (Georges), supplique ()

(taille reelle)
SIGNAC (Paul), au temps d harmonie - BRASSENS (Georges), supplique ()



Juste au bord de la mer à deux pas des flots bleus
Creusez si c'est possible un petit trou moelleux

Georges BRASSENS



Paul SIGNAC - au temps d harmonie
Achevé en 1895, le tableau de Signac a été immédiatement perçu comme un manifeste anarchiste, car il s’inscrivait dans un contexte historique par les débuts de l’affaire Dreyfus, la vague d’attentats anarchistes en France entre 1892 et 1894 et l’assassinat du président Sadi Carnot à Lyon, en juin 1894, par un anarchiste italien. Attiré par les projets de la gauche révolutionnaire Signac assignait à son art une vocation sociale et utilitaire. D’une manière plus générale, sa toile, comme celle de Puvis, est marquée par l’esprit et la sensibilité de l’époque : l’aspiration à construire un avenir radieux. .

Illustration musicale: Georges BRASSENS - supplique pour être enterré sur la plage de Sète 1966
7 minutes de supplique, une chanson à la fois mélancolique et qui montre aussi l'attachement du chanteur à la ville où il est né en 1921. A sa mort en 1981, il sera effectivement enterré dans le cimetière du Py à Sète.

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Juste au bord de la mer à deux pas des flots bleus
Creusez si c'est possible un petit trou moelleux
Une bonne petite niche
Auprès de mes amis d'enfance, les dauphins
Le long de cette grève où le sable est si fin
Sur la plage de la corniche

C'est une plage où même à ses moments furieux
Neptune ne se prend jamais trop au sérieux
Où quand un bateau fait naufrage
Le capitaine crie "Je suis le maître à bord
Sauve qui peut, le vin et le pastis d'abord
Chacun sa bonbonne et courage"

Et c'est là que jadis à quinze ans révolus
À l'âge où s'amuser tout seul ne suffit plus
Je connus la prime amourette
Auprès d'une sirène, une femme-poisson
Je reçu de l'amour, la première leçon
Avalais la première arête

Déférence gardée envers Paul Valéry
Moi l'humble troubadour sur lui je renchéris
Le bon maître me le pardonne
Et qu'au moins si ses vers valent mieux que les miens
Mon cimetière soit plus marin que le sien
Et n'en déplaise aux autochtones

Cette tombe en sandwich entre le ciel et l'eau
Ne donnera pas une ombre triste au tableau
Mais un charme indéfinissable
Les baigneuses s'en serviront de paravent
Pour changer de tenue et les petits enfants
Diront, chouette, un château de sable

Est-ce trop demander, sur mon petit lopin
Planter, je vous en prie une espèce de pin
Pin parasol de préférence
Qui saura prémunir contre l'insolation
Les bons amis venus faire sur ma concession
D'affectueuses révérences

Tantôt venant d'Espagne, tantôt d'Italie
Tous chargés de parfums, de musiques jolies
Le Mistral et la Tramontane
Sur mon dernier sommeil verseront les échos
De villanelle, un jour, un jour de fandango
De tarentelle, de sardane

Et quand prenant ma butte en guise d'oreiller
Une ondine viendra gentiment sommeiller
Avec moins que rien de costume
J'en demande pardon par avance à Jésus
Si l'ombre de ma croix s'y couche un peu dessus
Pour un petit bonheur posthume

Pauvres rois pharaons, pauvre Napoléon
Pauvres grands disparus gisant au Panthéon
Pauvres cendres de conséquence
Vous envierez un peu l'éternel estivant
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant
Qui passe sa mort en vacances